J’ai le plaisir de vous annoncer la prochaine parution de mon livre “L’écologie aux marges. Vivre et créer dans les ruines du capitalisme“, qui sortira en janvier aux éditions Eterotopia.
Ce livre raconte l’aventure d’activistes installé·es en banlieue parisienne pour y développer une écologie sociale et populaire. Il repose sur un long travail d’enquête ethnographique avec une participation durant plus de deux ans au quotidien des activistes et des entretiens menés avec des habitant·es et les animatrices et animateurs du lieu. Il restitue cette expérience inspirante en accordant une large place à la photographie et à la parole des personnes.
Le « Laboratoire écologique zéro déchet », créé par une poignée d’activistes d’abord à Noisy-Le-Sec puis installé à Pantin, démontre que la cohérence d’un projet mené avec détermination, tact et bienveillance peut réussir aux marges du capitalisme et de l’Etat là où les collectivités territoriales et les institutions échouent depuis des décennies.
Les banlieues populaires constituent un point aveugle pour l’écologie. Les observations du livre démontent le stéréotype d’une écologie élitiste qui serait réservée aux classes moyennes ou aux naturalistes. L’enquête montre que dans ces banlieues trop souvent décrites sous l’angle des « problèmes », nombre d’habitant·es sont déjà sensibilisés à l’écologie, ont changé leurs pratiques de consommation, et s’engagent dans la promotion des transports doux, la réduction des déchets, l’apiculture urbaine, etc. Mais l’invisibilisation de ces pratiques persiste parce qu’elles ne s’expriment pas dans le lexique habituel des naturalistes, ni dans celui des administrations.
Si cette écologie sociale se situe aux marges, ce n’est pas dans le sens de la marginalité, de l’exclusion ni de l’entre soi militant, mais dans celui – plus intéressant – d’une zone de contact politiquement créative entre des activistes, des milieux populaires, des institutions, des artistes, des étudiant·es et des universitaires. L’anthropologue anarchiste David Graeber estimait que les valeurs démocratiques avaient tendance à émerger dans des « zones d’improvisation culturelle » placées hors du contrôle des États et dans lesquelles des personnes issues de traditions différentes devaient imaginer les moyens de régler leur vie commune. C’est ainsi que se développe, dans de multiples interactions créatrices et vivantes, une écologie aux marges, égalitaire et éprise de justice sociale et environnementale.
On se prend alors à rêver : et si, au lieu d’empêcher ces initiatives, l’État laissait agir celles et ceux qui savent comment transformer le monde et le rendre plus habitable, peut-être pourrions-nous éviter la catastrophe environnementale et climatique qui s’annonce.